Si vous lisez l’obscure nouvelle “La machine s’arrête” par E.M. Forster, vous ne serez pas surpris. Du moins, pas pour commencer. Une nouvelle qui décrit assez précisément les réseaux sociaux, internet et Facebook tels que nous les connaissons aujourd’hui. La surprise viendra lorsque vous vous rendrez compte que ce roman a été écrit il y a 100 ans !

L’auteur parvient à prédire assez exactement nos mécanismes technologiques et nos vies sociales sur le web.

L’histoire est tirée du deuxième volume d’un grand cycle en quatre tomes. Tout commence lors d’une convention technologique. L’humanité se mécanise de plus en plus, et perd progressivement le contact avec le monde réel. Chacun reste dans sa chambre. Le contact avec famille et amis se déroule au moyen d’images. Les messages sont transmis par la fée électricité, et chaque lettre est comptée au moyen d’un compteur de lettres. Des sans-abri, expulsés pour déloyauté par le système des fondateurs de l’ordre nouveau, tentent de détruire la Machine.

Au centre de l’histoire on trouve la Machine, améliorée chaque année pour être de plus en plus efficace, et de moins en moins intelligente. Le talent de l’écrivain E.M. Forster se situe principalement dans les observations pénétrantes sur la nature humaine et sur sa vision du Web… imaginée en 1909.

La Machine force chacun à adopter les mêmes meubles, qui se composent d’un siège et d’un panneau de commande. Chacun a quelques milliers d’amis, mais ne les connaît pas vraiment. Même un fils ne connaît pas vraiment sa mère, et la Machine considère que le temps passé avec elle équivaut à du gaspillage.

Cette nouvelle humanité terrestre est obstinée par des pensées nouvelles, de nouvelles idées. Plusieurs fois au cours de la journée, les gens se demandent s’ils ont réussi à trouver des idées nouvelles ou s’ils ont entendu d’autres nouvelles idées. La chambre de chacun est remplie du bruit des cloches et des tubes vocaux. Qu’est-ce que le nouvel aliment? Peut-on le recommander? Avez-vous eu des idées dernièrement? Pouvez-vous partager vos idées?

Cette civilisation de la vie souterraine fait abstraction des autres. La peur et le dégoût s’associent au désir de voir les amis de près. Ceux qui veulent toujours voir la terre ne sont plus capables de le faire qu’en allant au cinématographe. Lors d’un vol au-dessus de la chaîne de l’Himalaya, un protagoniste demande: “Et la masse blanche dans les fissures? Qu’est-ce que c’est? – J’ai oublié son nom. – S’il vous plaît, couvrez la fenêtre. Ces montagnes ne me suggèrent aucune idée.”

Parce que le monde est devenu le même à ses quatre coins, les voyages ont perdu leur sens; et parce que le corps est peu utilisé, la préoccupation se centre sur l’esprit et le développement constant. Avoir des muscles est une honte. La naissance d’un nouveau-né est une honte. L’humanité a perdu la sensibilité physique et le sens de l’espace et a oublié le sens des mots «près» et «loin».

“Méfiez-vous des idées de première main! (…) Laissez vos idées passer de main à main. Elles seront alors séparées en toute sécurité de l’élément perturbateur – l’observation directe.”

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